GVARCHI

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Description

Le pari était un peu fou à l’époque du concours, en 2013 : planter une forêt dans les espaces publics de la future gare de Champel, avec les contraintes énormes induites par une gare et un train en sous-sol. S’inspirant du geste militant de l’artiste allemand Joseph Beuys à Kassel et ses 7000 chênes (1982), les auteurs prévoyaient une plantation franchement invasive d’une essence caractéristique du paysage genevois, occupant tout le territoire de la gare et au-delà.

De cette intention forte sont restés 47 îlots plantés de 185 chênes, avec à leur pied des arbustes et des fleurs. Dans l’ensemble l’image est forte, lisible, même si assez éloignée de l’idée de forêt. Les îlots sont des cellules surélevées par rapport aux cheminements. Leurs contours ondulants sont matérialisés par des bordures couleur anthracite, entre eux sinue un réseau de chemins en enrobé noir. Des bancs sont insérés dans les géométries courbes, une guirlande lumineuse assure l’éclairage.

Décrit ainsi, l’aménagement pourrait paraître banal, il ne l’est pas. Le trait un peu grossier des bordures, le choix de chênes multitroncs plutôt qu’en tiges, forcément un peu lourds vu le nombre, le relief des îlots et leurs pentes parfois trop raides, les sous-bois trop jardinés, rien ne va finalement dans le sens de la forêt promise et encore moins dans celle d’une nature qui serait transposable dans la ville. Mais il y a dans ce projet une ambiance à la fois douce et rebelle, très changeante au fil des saisons et même d’une seule journée. Il faut avoir vécu la douce poésie des lieux un soir de novembre, au sortir de la gare, lorsque les silhouettes des chênes flottent dans le halo brumeux de la guirlande, pour savoir que cet aménagement restera hors de toutes les normes de l’espace public contemporain. Un plaisir rare.

Valérie Hoffmeyer