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Description

Au cœur du quartier des Pâquis, ce projet est né de la rencontre de l’activité d'une paroisse et de la nécessité de construire des logements. L’atelier Bonnet a étudié le potentiel de ce projet hybride qui mêle habitat et activités sociales, avec le café et la salle Butini au rez-de-chaussée, et les salles de rencontre au premier étage.

Le bâtiment témoigne d’une architecture urbaine typique du XIXème siècle issue de la ceinture fazyste. Il s’agit de l’un des derniers bâtiments des Pâquis à présenter cette configuration en îlot, ce qui représentait à la fois un atout et un défi pour les architectes.

Tout d’abord, l’enjeu typologique est majeur, avec des appartements traversants, orientés côté cour pour les grands appartements familiaux, et davantage exposés côté rue pour les petits appartements. Les séjours ont été orientés le long de la façade, ce qui prodigue un grand apport de lumière, tout en profitant de l’ombrage créé par les balcons filants qui sculptent ainsi le bâtiment.

Afin d’inviter les non-résidents à entrer dans ce bâtiment et arriver jusqu’à la grande intériorité ouverte sur le ciel qu’est la chapelle, le projet s’adresse au quartier par un auvent signalant l’entrée située à l’angle de la parcelle, dans un jeu de hauts et de bas reliefs marquant la volumétrie du bâtiment. Une fois entré, le visiteur est guidé par une série de séquences allant du café au foyer, pour progresser dans le lieu jusqu’à la paroisse, passant de la lumière ambiante de la rue à la luminosité plus intimiste des oculus[FO7] . Cette séquence est matérialisée par un banc qui contient l’espace depuis le sas d’entrée avant de devenir gradin et scène dans l’espace Butini.

Outre l’exposition sur la rue, on retrouve la continuité urbaine du quartier à travers la matérialité du projet. Deux aspects de la matière sont prédominants, rappelant le lieu de culte : la terre et le ciel, sublimés par le doré des serrureries. Chaque détail a été travaillé avec minutie, jusqu’à la poignée de porte de la chapelle réalisée par une tourneuse. “Il est intéressant de mettre en avant le travail artisanal dans une infrastructure publique”, se réjouit Mireille Bonnet.

Ce lieu de culte est l’héritage d’une petite chapelle offerte par la famille Butini en 1866 pour permettre l’enseignement religieux des enfants. Il a semblé aux architectes que le meilleur endroit pour placer cet espace avec une grande intériorité était le cœur de l’îlot. Cette salle présentait plusieurs défis : côté terre, l’absence de sous-sol, avec la nappe phréatique en-dessous, et côté ciel, une limite de hauteur en raison d’une servitude de vue de l’immeuble voisin.

Ainsi, dans la salle Butini, seuls les deux piliers de la scène soutiennent toute la façade de l'immeuble. Pour rendre la salle encore plus majestueuse malgré les contraintes structurelles, la toiture a été creusée au maximum afin de créer de grands abat-jour qui diffusent la lumière extérieure. Ces puits de lumière absorbent également le bruit, à la l’instar des lames de bois perforées des murs de la salle. Tout au long de la journée, ces abat-jour teintés réagissent aux variations de lumière, dessinant des ronds de couleur au sol qui évoquent subtilement les vitraux.

“Ce qui nous plaît, c’est de mettre en place une architecture, une structure, que la lumière peut utiliser. Pas seulement les humains, mais la lumière aussi”, confie Mireille Bonnet.

Mélissa Henry